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University of Toronto
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CHUESTOMATHIK
L'ANCIEN FRANÇAIS
I ix'^-xv'' sii:cLKS
OUVRAGES DE L. CONSTANS
LANGUE ET I.ITTÉKATUKK DU MOYEN AGE
Marie de Compiègne d'après « l'Évangile aux Femmes », texte publié pour la première
fois dans sou inletrritL' d'apivs les quatre nuuuisorits connus. Paris, Vieweji, 1876. . . {épuisé) N. B. — Une nouvelle édition de VÉiangile aux Femmes améliorée ;\ laide de nou- veaux mss. a été publiée par L. (^onstans dans la Zeitschrift fur romanisclie Philolo- gie.[.Vin.
Essai sur l'histoire du sous-dialecte du Rouergue, ouvraj^e qui a obtenu le premier prix de philoloiTie aux fêtes latines de Montpellier 18781. Paris, Maisonneuve et C'% 18S2.
Prix 5 fr.
Le Livre de l'Épervier, cartulaire de la commune de Millau (Aveyron), avec une Introduc- tion en français et une table raisonnée des noms propres. Paris, Maisonneuve et G'°, 1SS2 t*i'ix 10 fr.
Les Manuscrits provençaux de Cheltenham (Angleterre). Notice et textes inédits, Paris,
Maisonneuve et C'-. 1X82 {épuisé)
Les Grands Historiens du moyen âge. Nt)tices et extraits (textes revus), avec des notes ^'raminaticales. historiques et explicatives et un Glossaire détaillé. Paris, Gh. Dela- irrave. 1 ss 1 Prix l fr. 50
La Légende d'Œdipe, étudiée dans l'antiquité, au moyen à^e et dans les temps modernes, en particulier dans le Roiniin de Thèbes, poème français du xii' siècle. Paris, Mai- sonneuve et G'% 1881, X-392-XCII pages gr. in-S" Prix 10 fr.
Le Roman de Thèbes, édition critique d'après tous les manuscrits connus, avec une Intro- duction et un Glossaire. Paris, Didot (Société des anciens textes français), 1890, deux forts volumes g:r. in-8'' Pi'ix 30 fr
OUVRAGE COURONNÉ PAR l'aCAUÉMIE DES INSCRIPTIONS
ET BELLES-LETTRES (prix Lagraiigc).
ROMAN DE TROIE :
Le manuscrit du « Roman de Troie », Milan, Ambr. D. 55. Extrait de la Reinie des langues romanes, t. XXXlll Issm . _ Un nouveau manuscrit du « Roman de Troie » (Rii^l. Nal. Nouv. acquis. GyH . Extrait de la HeiHie des I. ro/ii.. t. XXXVIl ISOi . — La langue du « Roman de Troie ». Extrait de la Revue des t'niversilés du Midi, t. W (189!- , 50 p. gr. in-8". — Notes pour servir au classement des manuscrits du « Roman de Troie M dans £/ h de.s- rom.iaev dédiées ù Gaston Paris, le 29 décembre 1890), li p. frr. in-8".
Le Roman de Troie, de Benoit de Saiale-Maure. Edition critique, avec une Introduction, un Vocabulaire raisonné des noms propres et un Glossaire détaillé. Paris, Didot {Société des anciens textes français), 4 vol. gr. in-S°, t. I, 1904 Prix 15 Ir.
L'Épopée anticpie dans Histoire de la Langue et de la Littérature française des origines à l'JOO. publiée sous la direction de L. Petit de Julleville, t. 1. Moyen âge), 83 p. gr. in-s-», Paris. A. Colin, 1896.
L'Épître du Languedoc. Extrait de la Revue des langues romanes, t. X (1876), La Topographie du poème provençal de Bertrand de Marseille : « Vie de sainte Enimie. » Extrait de la Revue des langues romanes, t. XVI (1879i.
La librairie H. WELTER fournit, aux conditions les plus avantageuses, tout ce qui rentre dans le commerce de la librairie : Littérature sacrée ou profane, scientifique ou littéraire, française ou étrangère, ancienne ou moderne. Sun matériel bibliographique important, ses relations directes et suivies avec tous les libraires et éditeurs de France et de létranger, une longue expérience et une connaissance intime de la librairie française et étrangère, lui ont valu une clientèle nombreuse dans tous les pays du inonde, et la mettent à même de pourvoir dune façon complète à tout besoin littéraire.
Son stock de livres d'occasion est un des plus importants de France. Elle tient en effet en magasin plus de 300 000 volumes catalogués, ^'oir p. 429, lannonce du Catalogue com[>iel en 6 vol. in-8°. vendus 15 fr. net au lieu de 25 fr. ) Les achats importants de livres d occasion peuvent être réglés aux mêmes conditions que nos éditions, en 6. 12. 18. 24. 30 ou 36 payements mensuels.
Maison de Commission pour la France et l'Étranger. EXPORTATION DES LIVRES ET JOURNAUX FRANÇAIS
\i uov. i'H(rrA'i ii;i:i!i;s. i \ii'HiMi:i r.s
CHRESTOM ATIIIE
l)K
L'ANCIEN FRANÇAIS
IX'-X\' SIKCLKS;
PRÉCÉDÉE D r.N TABLKAl SOMMAIHK OR LA I.ITIKR ATIRR KItAKCAISi: AU M ( • V R .N - A 0 R
SUIVIE d'un (iLOSSAIKE ET Y MOLO (Hg U E DÉTAILLÉ OIVRAGE COIRON.NK PAR r.ACAnÉMIK FRANÇAISE
TROISIÈME ÉDITION SOIGNEUSEMENT REVUE
L. CONSTANS
PROFESSEUR A l'vMVERSITK I>"a1X-MARSEIM,E
PARIS LEIPZIG
4, lu F. Bernard-Palissv. 4 Salomonstrasse, 16
H. WELTER, ÉDITEUR
1901
SEP 17 1973
PHKFACE
Le Conseil supérieur de riustruction publique a décidé «juc renseij;tiemenl de lu langue et de la lillérature franvaises devail remonter aux orij^ines, et le nnuveau [)hin d'études a pre-^cril cet ensei};nenient pour les classes de troisième et de seconde de nos lycées. Malheureusement, linexpérietice des maîtres et le manf|ue de livres appropriés ont empêché cotte sage mesure de produire tous les résultats qu'on était en droit d'attendre, l'^n elVel, la C/ircslomalhie de M. Karl lîart^ch, qui a alleint, en -Vllemagne, sa quatrième édition la 7*" édition a paru depuis , est [d'un 'prix inabordable pour les élèves, et le Recueil cl anciens textes, dailleurs excellent, de M. Paul Meyer, le savant directeur de ri'xole des chartes, dont on attend toujours le glossaire, étant, dans l'esprit de son auteur, destiné à servir de base à son enseignement, le choix des morceaux qu'il y a admis a été fait plul()t au point de vue de l'élude de la langue et (le la critique des textes qu'au point de vue littéraire. Il nous a donc semblé que nous ferions une œuvre utile aux professeurs et aux élèws en réunissant à leur intention un certain nombre de morceaux pris parmi les meilleurs de notre ancienne littérature, et en les mettant à même de les lire sans trop d'cirorts, à l'aide d'un G' /os.saj're complet des formes et des sens cjui se rencontrent dans ie Uecucil et d'un Tiihlemi sommnire (les flexions en ancien français.
Dans le choix des morceaux, nous avons eu en vue deux résultats principaux à atteindre : 1" présenter, dans un ordre méthodique,- des spécimens des dilTérents genres littéraires cultivés au moyen âge, alîn de montrer la richesse, la variété et l'originalité de notre vieille littérature, tout en respectant les règles du goût et de la bienséance ; 2" accessoirement, donner une idée des dilVérents dialectes qui ont con- tribué à former la langue française. C'est cette dernière considération qui nous a décidé à garder pour chaque texte l'orthographe des manuscrits, sauf, bien entendu, les cas où nous avions à notre disposition un texte critique déjà publié ou établi par nous-même, comme pour les n"^ 17 et 43. Toutes les fois que le texte d'un morceau choisi par nous et déjà publié n'olIVait pas toutes les garanties désirables au point de vue de la correction, nous avons vérifié sur les manuscrits (du moins pour les manu- scrits de Parisi, et nous avons édité à nouveau plusieurs morceaux à l'aide de manu- scrits meilleurs '.
Nous n'avons pas besoin d'ajouter que nous n'avons pas hésité à.apporler des cor- rections, soit aux imprimés, soit aux manuscrits, lorsque cela nous a paru nécessaii'e. Les mots ou lettres ajoutés ont été mis entre crochets, les mots ou lettres retranchés entre parenthèses. Quant aux accents, nous en avons été un peu plus prodigues qu'on ne l'est d'ordinaire, tenant à donner au lecteur, toutes les fois quelle était assurée, la prononciation ancienne et à faciliter la lecture de nos textes. L'inégalité de traite- ment que l'on remarquera entre les dilîérents morceaux à cet égard tient à la dilfc- rence des époques où ils ont été composés.
Le Glossaire a été établi avec le plus grand soin. Il comprend tous les mots du
,1. Le n- 24 nétait connu que par quelques citations de M. Cl.abancau. faites daprès noire cpie.
Le n» 1" ,16 dans la 3° édition navail jamais été publié.
1 CoNST.\xs. — Chrestomnlfiie.
2 AVERTISSEMENT
texte, même toutes le? formes verbales, à rexception de celles qui, n'olTrant d'ailleurs aucune particularité orthoj^fraphique, pouvaient très facilement être retrouvées dans nos paradig^mes, comme, par exemple, celles de la première conjuj^aison. Pour chaque mot, nous renvoyons généralement à la forme la plus usitée au commencement du xm*" siècle, forme à la suite de laquelle nous donnons toutes les autres en renvoyant le plus souvent au texte par des chiffres. Nous avons cru devoir donner les étymolo- gies, du moins pour les mots d'origine latine, en indiquant non pas seulement le mot racine ou le mot latin correspondant, mais les suffixes latins ou romans qui, s'ajou- tant à un mot latin, ont formé un nouveau mot sans équivalent dans la langue mère. Les élèves se familiariseront ainsi avec un point important de l'histoire de la langue et, grâce aux explications complémentaires du professeur, pourront éviter d'avoir sans cesse sous les veux l'admirable, mais peu maniable Dictionnaire de Littré.
Malgré les soins que nous avons donnés à la correction des épreuves, il s'est glissé dans notre travail un certain nombre de fautes d'impression, la plupart sans gravité. Nous en demandons pardon au lecteur, et nous les relevons ci-dessous \ en y ajou- tant quelques nouvelles corrections au texte. Nous serions reconnaissants à nos col- lègues de vouloir bien nous communiquer les fautes qu'ils auraient relevées de leur côté, comme aussi toutes les observations que pourrait leur suggérer la pratique de ce modeste recueil.
Paris, 30 septembre 1883.
AVERTISSEMENT
SUPPLEMENT A LA CHRESTOMATHIE
Le bienveillant accueil que les critiques compétents et nos collègues de l'Univer- sité ont fait à notre Chresiomathie de Vancien français, la haute approbation de M. le Président et de M^L les Membres du jury de l'Agrégation de Grammaire, qui ont bien voulu, deux années de suite, admettre ce modeste travail parmi les ouvrages inscrits au programme; enfin les encouragements flatteurs de l'Académie française, qui nous a accordé une partie du prix Archon-Despérouse, tout nous fait un devoir d'améliorer par tous les moyens notre livre, afin de le mettre en état de rendre de plus utiles services.
En attendant que la faveur du public nous permette de donner une seconde édition corrigée, et pour nous conformer au désir qui nous a été exprimé par un certain nombre de candidats à l'agrégation, nous publions aujourd'hui un Supplément impor- tant, qui permettra de lire nos textes sans trop de difficulté, noui seulement aux pro- fesseurs encore peu familiers avec notre vieille langue, mais encore aux élèves de force moyenne de nos lycées et collèges.
Ce supplément se compose de deux parties distinctes, mais tendant toutes deux au même but. La première contient la traduction des textes les plus anciens et les plus difficiles du recueil : il a été fait exception pour la Chanson de Roland, pour laquelle
1. Malgré notre bonne volonté, il ne nous a pas été possible d'arriver, dans la seconde édition, à une cori-eclion suffisante, et nous avons dû recourir à un nouvel Errata, api'ès avoir supprimé le premier.
AVERTISSEMENT '.\
la Iraduclion de M. L. Gautier peut servir de base, sauf à se reporter à nos notes. La deuxième partie contient, pour chacun de nos soixante-douze textes, une série de remarques succinctes destinées les unes à éclaircir le sens des passaj;es difficiles, les autres, d'un caractère purement philologique ou grammatical, à suppléer, dans une certaine mesure, à l'absence d'une grammaire spéciale de l'ancien français, que les limites imposées d'abord à notre volume par l'éditeur ne fious avaient pas permis d'y joindre. Nous sommes heureux de pouvoir aujourd'hui combler en partie cette lacune.
Paris, octobre 1885,
AVERTISSEMENT
LA DEUXIEME EDITION
Grâce à l'appui bienveillant qu'a continué à nous accorder le Jury de l'Agrégation de Grammaire, grâce aussi à la synijjathie de nos collègues, et en particulier des nouveaux agrégés, qui ont bien voulu signaler notre livre à leurs élèves, la Chreslo- malhie arrive aujourd'hui à sa deuxième édition. Fidèle à ce que nous croyons être le premier devoir d'un auteur soucieux d'être utile, surtout lorsqu'il s'agit d'un livre destiné à l'enseignement, nous avons apporté tous nos soins à la révision de l'ou- vrage et à la correction des épreuves, toujours si laborieuse, et sans rompre le cadre que nous nous étions tracé, nous avons apporté à notre Recueil des améliorations de détail très nombreuses et très importantes.
De plus, tenant compte des observations de la critique, nous avons ajouté un cer- tain nombre de morceaux 'un millier de vers environ), ce qui nous a permis de mieux faire connaître les genre? littéraires les plus importants, comme lèpopèe et la chan- son'. Enfin, nous avons cru qu'il convenait de fondre dans l'ouvrage primitif le Supplément publié deux ans plus tard, afin d'épargner aux travailleurs l'ennui d'avoir à recourir à deux volumes différents pour l'interprétation des textes. Nous avons donc placé les traductions à la suite des textes auxquels elles se rapportent et réuni au bas des pages les notes et les sommaires ; les variantes ont été rejetées après les textes, afin d'éviter l'encombrement.
Nous appelons sur celte nouvelle édition l'attention de la critique, et nous serions heureux de recevoir de nos collègues des observations, dont nous sommes disposé à tenir le plus grand compte dans une édition subséquente, si, comme nous l'espérons, celle-ci est favorablement accueillie du public un peu spécial auquel elle s'adresse principalement.
Aix-eu-Provence, mars 1890.
1. Les numéros des textes sont généralement restés les mêmes. Les sept morccau.\ nouveaux ont pu être introduits soit en subdivisant certains chillres (xxiii, xxxi, lvii , soit en en groupant ensemble deux xxxvii et xxxviu ou plusieurs ^vi, vu, vin, ix), d'après leurs analogies.
AVERTISSEMENT
AVERTISSEMENT
LA TROISIÈiME ÉDITION
Depuis k publication de la deuxième édition de nf)tre Chreslomalhie en 1890, plu- sieurs ouvrages du même genre ont été publiés en France, ouvrages que recom- mandent des qualités diverses '. Cette concurrence, pourtant inévitable, a fait hésiter l'éditeur. M"'® veuve Em. Bouillon, à entreprendre une troisième édition après l'épui- sement de la deuxième, et nous aurait peut-être découragé nous-même, si de nom- breuses sollicitations n'étaient venues ranimer notre confiance. M. H. Welter, qui a déjà rendu à l'étude de notre vieille langue de réels services, en particulier par la publication du Lexique de Vancien français (abrégé du Dictionnaire de Fr. Godc- froy) et de la Grammaire sommaire de Vancien français de MM. J. Bonnard et Am. Salmon (^I903-I90i;, a bien voulu nous demander de donner noire Chreslomalhie comme complément à ces deux ouvrages. Nous l'en remercions sincèrement.
Cette troisième édition, que nous avons, naturellement, revue avec soin et mise au courant des travaux parus depuis quinze ans dans le domaine de l'ancien français ^,ne présente que peu de changements, pour le fond, par rapport à la précédente. Voici les deuxplus importants: l**nousavons dû, pour gagner de la place, supprimerles morceaux cotés \'I'\ \'Ic et MI'', intéressants en ce qu'ils nous initient aux procédés employés par les metteurs en prose de nos vieux poèmes, mais dont l'absence ne constitue pas une lacune ; les mots correspondants ont, par suite, disparu du Glossaire ; 2° pour observer plus exactement l'ordre chronologique, nous avons placé le n° VI» avant le n° V [Chanson de Roland) et le n° XV'II avant le n° XVI [Roman de Troie)^ notre opinion s'étant modifiée sur les dates respectives de ces poèmes ; 3° nous avons renoncé à indiquer par des accents la prononciation de l'e entravé, à cause de l'incer- titude qui règne à ce sujet pour certaines époques. L'emploi de l'accent aigu a été limité aux cas où l'e porte l'accent tonique (il sert alors à distinguer cet e plus ou moins fermé de l'e sourd, improprement appelé n^uel ou féminin) ; l'accent grave est employé dans le même cas et de plus quand l'e remplace ai (ou ei)^ ; 4** quand deux voyelles qui se suivent ne forment pas diphtongue, nous marquons d'un tréma la seconde ; faute de caractères spéciaux, il est placé sur Vi dans le cas où Vi est suivi de a, de au ou de e accentué.
Que nos collègues de l'enseignement supérieur et de renseignement secondaire veuillent bien nous permettre de faire encore une fois appel à leur bienveillant con- cours pour l'amélioration de ce livre : nous tiendrons d'autant plus de compte de leurs observations qu'elles auront été inspirées par l'expérience de l'enseignement et la pratique journalière de notre modeste ouvrage.
Aix-en-Provence, 31 mai 1905.
1. Outre les recueils de M. L. Clcdal et de ^L Sudre, il convient de citer particulièrement la Chreslom.ithiedu innyen iirje de Gaston Paris et Ernest Lan^lois (Paris, Hachette et G'", 1897). Dès 1887, K. Hartsch avait publié, avec la collaboration de ^L Ad. Ilorninf;-, à la librairie Maisonneuvc et Gh. Lcclerc, La Imifjue et la lUléralure françaises depuis le IX' siècle jiisfiu'ait A'/l" siècle.
2. Ainsi l'extrait du Romande Troie (n" XVII reproduit le texte critieiue de notre édition encours de publication pour la Société des anciens textes français, dont le premier volume vient de paraître. Pour les autres textes, nous avons tenu compte des nouvelles éditions depuis 1890.
3. Des notes indiquent d'ailleurs la prononciation, lorsque cela a paru nécessaire.
TABLEAU SOMMAUih:
LITTKllATrHK FRANÇAISE AU MOYKN A(,l-
A vrai diii', 1 iiisloii-e de la litléiature fran- çaise au moyen âfrc est encore à faire '. Les savantes notices publiées dans Vllisloire lillé- inire de la France, les travaux si nombreux |)arus dans les vinj^t dernières années, tant en Fiance qu'en Allemafrnc, dans le domaine de la philologie franvaise et de liiisloire littéraii-e, les textes abondants et variés imprimés ou réim- pi'imés depuis cinquante ans, tous ces secours, qui semblaient de nature à tenlei* les travail- leurs sérieux, n'ont fait que les mettre en jrarde contre les danjrers d'une entreprise téméraire, en leur dévoilant l'immensité et les dilïicidtésde l'entreprise. Une honorable tentative faite récemment pour vulj^ariser les résultats des travaux des spécialistes - n'a réussi qu'en par- tie; elle a cependant indiqué la voie, en mon- trant quels étaient les points encore insuffisam- ment étudiés et le parti qu'on pouvait tirer des travaux accumulés sur ceitaines |)oitions de ce vaste sujet. Nous ne pouvions donc avoir la pensée d'improviser cette histoire, à prnpos d'une Chrestomalhie et sous la forme d'une Pié- face. Tout ce que nous a\'ons voulu, c'est oITrir aux élèves et aux maîtres, en quelques jîajjfcs concises et sans prétention, un aperçu sommaire des richesses, déjà publiées ou encore inédites, que le moyen àgre français apporte comme contin- gent à l'histoire littéraire, et placer dans un cadre naturel les renseignements bibliographiques ou littéraires qui ne pouvaient trouver place dans les notes qui figurent au bas du texte. Nous sui- vrons donc naturellement l'ordre même du recueil, et nous étudierons rapidement, dans sept paragraphes successifs : 1° les plus anciens textes: 2" la poésie épique et narrative; 3° la
1. Ce cjui était vrai au moment où paraissait la pre- mière édition de cet ouvrage ne l'est plus au même degré, depuis la publication de Texcellent livre de notre maître émuient, le très regretté Gaston Paris, LaliUërn- ture française au moyen âge. Paris, Hachette et C'% 1888. Nous n'avons là, malheureusement, qu'un Manuel. Tel qu'il est, il nous a cependant rendu les plus grands services, et c'est à cliaque page que nous aurions du y renvoyer : nous ne le ferons que loi-sque notre rédaction, en grande partie basée sur des notes prises au cours professé par G. Paris, à l'École des Hautes Éludes, en 18S(i-l88l, se rapprochera de celle de la Lillèrature française au moyen âge, qui en est essentiellement le résumé.
2. Histoire de la langue et de la littérature fran- çaises au moyen âge d'après les travaux les plus récents, par M. Ch. .\obertin. Paris, Belin, t. I, 187ti; t. II. 1878.
poésie pastorale et Ijk rique ; î" la poésie satirique et didaclifpie; 5* la poésie dramati()ue ; 6" la chronicpie et l'histoire ; "• la littérature reli- gieuse propremeid dite, les traductions el les divers geni'es en prose.
I. —
•LIS a.m:ie>s textes
Le plus ancien monument connu de la langue française du Nord ou langue d'o'il ', monument qui n'a d'ailleurs rien de littéraire, est cidui que nous a conservé l'historien Nithard, petit-fils de Charlemagne. dans son histoire latine des dissen- sions des fils de Louis le Pieux : je veux parler des Serments prononcés à Strasbourg en SJ2, d'un coté |)ar Louis le Germanique, de l'autre par les soldats de (Charles le Chauve (Ihreslo- nialhie. H. Nous ne parhms que pour mémoire des glossaires de Cassel el de Heichenau, du viir et peut-être du vir siècle, précieux pour l'histoire de la langue, mais qui ne simt que des recueil de mots. Les textes qui suivent jusqu'au Pèlerinage de Charlemagne offrent ce caractère commun que ce sont des poésies religieuses destinées à être lues ou chantées dans les églises pour l'instruction et l'édification des fidèles.
Est-ce à dire que la production littéraii"C en français se soit bornée exclusivement à cet ordre de matières"? Non certes : la Chanson de Roland n'a pu, comme nous le verrons plus loin, surgir tout à coup sans préparation, el la plus belle de nos chansons de geste ne saurait être un phénomène sans précédent dans le dévelop- pement des idées au moyen âge. Si nous n'avons conservé que des poésies religieuses qui soient plus anciennes que le Roland, c'est que, d'une part, le succès de ce poème dut amener la dis- parition des récits épiques antérieurs, et que, d'autre pari, l'usage permanent des poésies con- sacrées par l'Église devait singulièrement favo- riser leiu" conservation. Dès le commencement du ix« siècle, en elVet, nous voyons Charlemagne, aussi bien que les conciles, prescrire aux évèques de prêcher en roman, c'est-ii-dire en langue vul- gaire, le peuple ne comprenant plus le latin littéraire, et aussi de traduire les homélies des
3. Prononcez oui.de hoc-illic (vov. Cornu, Romania, I.\, 117), signe de l'aflirmationdansla France du Nord, comme oc =: hoc était le signe de l'affîrmation dans la France du Midi, et si = sic celui de l'italien.
TABLEAU SOMMAIRE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE
Pères. Une rèjrle immuable, mais dont on ijrnore l'orijrine. ne permettait p^s de traduire mot à mot les saintes Écritures : ce n'est qu'au com- mencement du -MI' siècle que l'on commença à déroger à cet usage. C'est ce qui explique, comme aussi l'apparition tardive de la prose, pourquoi l'im des deux poèmes de Glermont a pour sujet la Passion du Christ.
Ce poème, dont certains tiaits sont empruntés à l'Évangile de Micodème ^apocryphe, et qui n'est peut-être que la dernière partie d'une his- toire complète du Christ, a été écrit vers la fin du X' siècle: il est en strophes de quatre vers octosyllabiques assonant deux par deux et appartient à un dialecte qui mêle les formes de la langue d'o'il et celles de la langue d'oc ' : c'est pour cela que nous n'en avons pas donné d'extrait. Le second des deux poèmes, la Vie de saint Léger [Chrest.. 3', dont les strophes sont composées de six vers octosyllabiques assonant également deux par deux, quoique transcrit comme le premier par un scribe de langue d'oc, a été certainement écrit en français. Il nous retrace la lutte entre le saint évêque d'Autun et Ebro'in. et le martyre que celui-ci lui fit subir. Ces deux poèmes ont assurément pour base un texte latin. Le Saint Léger, dont nous possédons la source latine, la Vita Leodegarii, du prieur Ursinus, semble avoir été comjxjsé au milieu du X* siècle : il est donc un peu postérieur à la séquence de Sainte Eulalie Chrest., 2)-, formée de quatorze strophes de deux vers et dune coda, écrite vers 882 ivoy. \'oretz*ch. Einfiihr. in das Stud. der altfranz. Liler dur, p. 69) à l'abbaye de St-Aniand. pi'ès Valenciennes. et insérée peu après dans un ms. que découvrit, en 18.37, Hoffmann de Fallcrslebcn dans la bibliothèque de cette même ville. A la même bibliothèque appartient un manuscrit presque en enlier écrit en notes tironiennes, où Ton trouve un curieux commentaire du te.xte de Jonas, qui mêle d'une façon bizarre le latin et le français destiné à expliquer le latin : il semble que ce soit un brouillon écrit à la hâte par un prédicateur avant de monter en chaire. M. Génin l'a publié pour la première fois sous le nom de Fragment de Valenciennes dans son édition de la Chanson de Roland 1850). On l'attribue géné- ralement au commencement du x' siècle. Tous les textes que nous venons d'cnumérer, sauf la Passion, appartiennent aux dialectes orientaux de la langue d'oil.
La Vie de saint Alexis {Chrest., 4), composée vers 10 iO, appartient au contraire à la partie occidentale du domaine ; elle est écrite dans cette belle langue qu'on parlait dans l'ancienne Neustrie, c'est-à-dire dans la Noimandie, l'Ile- de-France et les provinces du Centre, vers le milieu du xi« siècle, avant qu'apparussent les
1. Voir Gaston Paris, Rom.. II, 2!i.i sqq., qui on a donné une e.xcellente édition revue sur le manuscrit.
2. Pour la mesure de cette prose rythmée et assonan- cée, voir P. .Meyer, Xola sur la mélritiuc du cUunl de sainte Eulalie, Bibiiolliéque de rÉcole des chartes, 5' série, II, 237 sqq. ; Bartsch, Die Uileinischen Se<iuen- zen des .MilU'luller.f, p. 1C5 sqq. ; Suchier, Jahrltuch fur rom. und engl. S/trache und Lileralur, XIII (1874), 385 sqq., et len.ier Lileralur Zeitung, 1878, n° 21; Koschwitz, Cornmentar zu den Kltes'ten fr. Sprach- denkrrueler ; Weigand, Traité de versification fran- çaise, Bromberg, 2« édit., 1871, p. 124, 211 sqq., etc.
divergences qui ont distingué, dès le xii* siècle, le français et le normand. Postérieur d'un siècle au Saint Léger, il nous oITre une langue plus nette, mieux dégagée de la construction latine, et non encore embarrassée de ces nombreuses particules dont s'accommodera plus tard trop volontiers l'abondante facilité de nos Irouveurs. L'auteur, qui ne s'est pas nommé, pourrait bien être ce Thibaut de Vernon. chanoine de Rouen, qui, à ce que raconte une chronique latine, traduisait du latin, peu après 1053, des Vies de saints et en faisait de pieuses canlilènes. enlie autres la Vie de saint Wandrille. Ce poème, composé d'abord de 625 vers, divisés en 125 strophes de 5 vers décasyllabes monorimes, eut un succès si durable qu'on lui fit subir jusqu'à trois remanie- ments successifs pour l'accommoder au goût du temps, remaniements qui, par une heureuse for- tune, nous ont été conservés : le premier, qui est du xii° siècle, assonance comme celui du xi" , est en stroplies monorimes d'inégale étendue et contient 1.357 vers; le second, du xiii' siècle, est rimé en strophes irrégulières ; il compte 1.278 vers et appartient au domaine picard; enfin le texte du xiv* siècle oil're 800 vers alexandrins distribués en quatrains réguliers. Dès le xii" siècle, le poème sort de l'église et le début indique qu'il est écrit pour un chanteur popu- laire; au xiv siècle, où la lecture a remplacé la récitation musicale des jongleurs, l'œuvre se transforme encore et devient un roman pieux, achevant ainsi la série des transformations ordi- naires aux poèmes franchement populaires ^. La rédaction du xi' siècle est une œuvre des plus remarquables au point de vue du style, et l'on peut croire qu'elle avait été précédée d'œuvres semblables, mais moins parfaites; car la langue s'y montre déjà souple et avec ses qualités cons- titutives, en même temps que l'art se manifeste, aussi bien dans la construction de la strophe que dans le choix et la disposition des mots : le chef-d'œuvre littéraire du moyen âge ne va pas tarder à paraître.
II. POÉSIE ÉPIQUE ET NARRATIVE.
a. — La matière de France. — Épopée nationale.
Le besoin de s'orienter dans le chaos de nos ciiansons de geste a provoqué de bonne heure des classements plus ou moins justifiés. Dès le commencement du xiii" siècle, les jongleurs avaient adopté une première classification géné- rale des sujets, suivant qu'ils se rapportaient à la France, à la liretagne ou à l'Antiquité :
Ne sont que trois niateres a nul home entendant : De France, de Bretagne et de Rome la Grant,
dit Jean Bodel au commencement de sa (Chan- son des Saxons. La geste de France se décompo- sait à son tour en geste du Roi (ou encore de Pépin el de /"a/i.f/e),geste de Garin de Monglane ou de Guillaume, et geste de Doon de Mayence. La première réunit les poèmes qui ont pour
3. Nous ne parlons pas, bien entendu, des rédactions en prose, ni de deux poèmes indépendants du xui' siècle, l'un en latin monorlme, l'autre en petits vers à rime plate.
TABLEAU SOMMAIRE DK l,A LITTÉRATURK FRANÇAISK AU MOYRN AGK
héros Gharlemagnc ou un membre de sa famille, cl en {général ceux où domine la tendance uni- taire primitive : elle comprend naturellement les plus anciens', et le ^^rand empereur y est présenté comme un type de couraji^e et de jus- tice. La deuxième (;rf)U|je les poèmes qui racontent les exploits des héios du Midi contre les Sarrasins de Septimanie ou de Provence; elle semble avoir été constituée la premièi'c et a poiu' point de départ les exploits de GuilLitime au Court Nez. La troisième, opposée à la pre- mière comme esprit, représente la féodalité, et en particulier la lëotlalité orientale, la plus puissante et la mieux développée : elle chante les barons rebelles et les place au- dessus du roi. C'est celle des trois {,'estes qui s'est constituée la dernière : l'on y lit entrer, non seulement les membres primitifs de la famille de Doon de Mayence, Bevon dWi^'re- mont, Aimon d'Ardenne. Doon de Nanteuil et Girart de Rimssillon. mais encore tous les héros qui ne pouvaient entrer dans les deux autres gestes, et pour cela on attribua 12 fils et 12 fdles à Doon de Mayence. (^uebiues poètes (l'hilippe Mousket, etc.) cherchent à séparer les traitres des vassaux rebelles plus ou moins t'ondés en droit et en font une ([uatrième geste ; d'autres les confondent dans la li-oisième-.
Ces divisions tout artificielles appartiennent à la troisième époque du dé\ eloppemeiit épique. Alors, la matière primitive et populaire étant complètement épuisée, on essaie de la rajeunir en introduisant dans le vieux cadre des mer- veilles et des féeries empruntées aux romans de la Table-Ronde; on dénatinc les vieilles chan- sons de geste dans des renouvellements fasti- dieux et prolixes où disparaissent, par suite de l'ineptie des remanieurs, les traits intéressants et les beautés de style de l'original ; « on comble comme on peut les lacunes des généalogies ; on compose des poèmes pour servir de lien entre ceux dont on entreprend le classement ; on s'attache à compléter l'histoire des héros en narrant les parties de leur vie (leurs Enfiinces principalement) qui avaient été négligées ^, ou bien encore on imagine de fabuleux exploits pour leurs ancêtres ou leurs descendants <> '. Alors apparaissent (milieu du xiv siècleî des (uuvres cycliques comme Tristan de Nanteuil, Doon de Mayence, Gauf'rey, etc. Quand on compare la Chanson de Roland aux derniers rajeunissements de Jourdain de BLiye et de Ihion de Bordeaux au xv" siècle, et aux rédactions en prose popula- risées par l'imprimerie, on peut mesurer la gran- deur de la. décadence et les modifications du goût public dans cette longue période de cinq siècles.
Dès lex° siècle, en efTet, la transition du chant populaire primitif au poème épique était accom-
1. Non seulement ceux que nous possédons <'iu-ore. mais aussi ceux qui ne nous sont pas parvenus, soit qm^ le texte original ai* complètement disparu, soit que nous n'en possédions i(u'un remaniement posté-rieur.
2. Voir G. Paris, Histoire poctiijue de Cliarlemagne, Paris, 1805, liv. I, cli. iv.
3. Cf. Mainel (nom de Charlemagne dans sa jeu- nesse), les linfances Ot/i'er, etc.
4. P. Meyer, Recherches sur l'épopée française, Bibliothèque de 1' .cole des chartes, 6' série, t. III, p. 42.
plie, ou du moins on peut affirmer que les canti- lèncs héro'icpic» du x' siècle avait une forme assez développée. Le Roland fait allusi<m à plu- sieurs poèmes dont les «u'iginaux sont perdus, (^e sont : Asprenionl. con(iuèle de la l'ouille |)ar Charlemagne; les Enfances Oyier, guerr»; d'Ita- lie; Guitalin ou OuHenuin = W'itikind .guerre de Saxe conservé st'ulement dans une traduc- tion islandaise, la Karlamagnus saya, et renou- velée à la lin du xii" siècle par Jean Hod«d d'Ar- ras sous le n<un de Chanson des Saisnes], et Ralan, guerre d'Italie un épisode seulement suh- siste, dévelojipé dans Fieraliras . Si l'on joint à ces (piatre poèmes le (Uiuronnemenl de Louis, dont un fragnu;nt s'est conservé dans le poème du même titre qu'on rattache au cycle de (iarin lie M(jnglane [Chresl., 1 . et les pf»èmes (inspirés par des contes orientauxj qui racontent ties aventures personnelles au roi ; 1" Rasin <»u le Couronnement de Charlemayne, qui a passé en islandais et en néerlandais ; 2° Rerthe, dont nous avons une rédaction du xin* siècle, par Adenct le Hoi {Chrest., 9 •'•; 3" Mainel •< ou V Enfance de Charlemayne, perdu sous sa forme primitive id remanié plusieurs fois ù l'étranger, et en France par (iirart d'Amiens; i» /a Reine Sehile ^ perdue en français, mais conservée dans la (Chanson de Macaire en français italianisé»; 5" Gorniond et Isamhard, dont un fragment important, datant du xi" siècle, a été, il y a quelques années, découvert et publié '*, et qui a un fond histo- ri(pie, la bataille de Saucourt KSI' ; si l'on groupe ces dillérents |)oèmes, on aura le noyau primi- tif de la Geste du Roi et de l'Épopée française, dont le Roland est le type. A la première époque également, quoique de formation un peu postérieure, appartiennent, dans leur rédaction primitive, que nous n'avons pas, Oyier de Dane- marck, Girart de Roussillon ;xn" siècle), Aquiii (reprise de la Hretagne sur les Sarrazins par Charlemagne ", Renaud de Monlauhan xii'
.i. lierthe aux grands pieds n'a ri(>ii d'historiipie : c'est l'histoire de Cliilpéric II, que l'on a appiitiuée à Charlemagne. Peut-être aussi la léçende est-elle d'ori- pnc nivtluque. Voy. Romania, XIV, 1+4.
0. Màiiiel, qui raconte le séjour en Espagne et le mariage <le Charles persécuté par ses frères bâtards, fds de la fausse Berihe, et obligé de se cacher sous un faux nom {Mainel). send)le être, pour le fon<l, une légende irermani<iue. Il y a d'ailleurs un mélange de faits liistoViqiiis s.- rappoitant à l.harles Martel luttant contre HagL-nfreil .t i:iiilpéric II (cf. G. Paris, La lilté- ralure française au moyen âge, § 24). — I>es fragnu-nls intéressants de Mainel, découverts par M. Boucherie, ont été publiés par M. G. Paris, avec un savant com- menlaire, Rom., IV, 305 sqq. Cf. XIII, 009, et XIV. 114.
7. Sehile, lille du roi païen .Vgolanl, était femme de Charlemagne. C'est dans' ce poème que se trouvait la h-.>.ii(h- du chien de Montargns, ainsi nommé d'une tiiuisstiie du château de cette ville, datant de la lin du xv« siècle, qui repn-sentail le combat judiciaire du chien d'.Vubn contre .Macaire, calomniati'ur de la reine et meurtiier de son maitie, ce qui a fait ci-oire plus lard ijue le fait s était réellement passt' à .Monlargis sous le rèffue de Charles V.
8. La ^iort ilu roi Cormond, fragment unique d une chanson de geste inconnue, rt-édilé littéralement sur l'original (dt^à publié par Heiffenberg en 1h:!S, puis i)erdu^ et annoté par Auguste Scheler. Bruxelles, ISTO; Fragment ile Gormund el Isemli.ird. Text nebst l-inleitung. .Vnmerkungen und vollsta-ndiçcn Wortin- dex, von Robert Ileiligbrodl {Ronuin. iytudien, JII, 549-557). . ^.^ ,
9 Cf. G. Paris,. Histoire poétique de Charlemagne, p. 72-74.
TABI.KAl SOMMAIRK DK l.A LUI ÉRATIIU: FBANÇAISI-: AL MOYEN AGE
sU'clc . uirart de Vienne. linoul de Cambrai (in du xii' siècle . Doon de .\anlenil (xiv siècle , etc., pleines déclinés à raconter les luttes de Charlemafriie contre ses vassaux. Une époque intermédiaire entre la période primitive et la période cyclique est celle qui s'étend du milieu du xu' à la fin du xni« siècle : on y rajeunit les chansons de la première époque en modifiant la forme et transfornianl les assonances en rimes. et l'on supplée à la tradition populaire par lima- [rination. A cette dernière tendance appar- t=ennent. en particulier. Giii de Bourgogne. Iluon de Bordeaux Chresl.. S . Gaidon. Jean de I.anson et Gui de Manteuil '.
Il faut accorder une mention spéciale aux nombreuses imitations écrites en franco-italien à !a fin du xiu' siècle et au commencement du xiv par des jonirleurs italiens, lesquelles ont SLM-vi de transition entre les poèmes français et la vaste compilation en prose, de la fin du xiv* sijcle ou du commencement du xv=, due à Andréa da Barberino et connue sous le nom de Rcali di Francia les Royaux de France . Le meilleur et le plus intéressant de ces poèmes est VLnlree de Spagne. œuvre dun auteur padouan qui ne sest pas nommé, et qui est peut-être un certain Minocchio, auquel l'attribue un des m muscrits de la bibliothè(|ue de Gonzagrue -. 11 faut y joindre, comme une continuation, la Prise de Pampelune de Nicolas de Vérone, qui est également lautein- dune Passion -K
Ces poèmes franco-italiens eurent un grand succès, et leurs imitations italiennes en vers et en prose servirent de base aux brillants poèmes d;- Pulci, de Bojardo. d'Arioste, d'autres encoie. fjui les transformèrent, d'ailleurs, notablement en y introduisant l'esprit des romans bretons et L's formes de 1 antiquité classique *.
A l'épopée royale, basée principalement sur les traditions natirmales. se lattachent. d'un côté, les poèmes de Flonvanl. de Florent (conservé dans une traduction islandaise, la Florentsaga), de Florent et Octavien. de Ciperis de Vigne- v.'iux et de Charles le Chauve dont le héros n appartient que par le nom au cycle carolin- gien . poèmes qui constituent autour des noms (12 Clovis, de Clotaire et de Dagobert une véri- table épopée mérovingienne ■•: de l'autre, le pr>ème de Iluon Capet. dont nous ne possédons t[u'une rédaction du xiv« siècle, poème qui semble indiquer une tentative pour former un cycle capétien.
Dans l'épopée féodale, il faut distinguer les poèmes, d'un grand intérêt historique, qui racontent les luttes de Charlemagne contre les grands vassaux, de ceux qui s'occupent princi- palement des guerres d'une famille contre une autre. Les plus intéressants sont, dans le pre- mier groupe. Girart de Boussillon, écrit dans im dialecte tivs rapproché du pro\ençal au com- mencement du XI' siècle, mais dont il y a des
1. Cr. Homania, XI, 53S sqq.
2. Cf. Honutnia, I.\', 407 sqq.
3. Cf. Tiiomas, \ourelles recherches sur /'Entrée de .Spagne, Paris, lS>t2.
4. Cf. G. Paris, Li lillérature française au m.nyen âge, S 32.
■5. Cf'. Darmesteler, De Floovanle .velusliore gallico poeinile et de nierorinyico cyclo. Paris, Vieweg, 1877.
équivalents français, et Renaud de .Monta uliau Chrest.. IP; dans le second, la Geste des Lm- rains. immense comi)osition bien enchaînée ". tpii raconte les guerres des familles lorraines et bordelaises pendant plusieurs générations, et à laquelle on n'a pas encore pu découviir une source historique ", et Raoul de Cambrai Chrest.. 13 , où se déroule, en 7.630 vers divisés en 319 laisses assonancées, la lutte du neveu de Louis d'Outremer contre les quatre fils d'Her- bert, comte de \"ermandois, lutte (jui se termine par la mort de Raoul, tué sur le champ de bataille d'Origny en 913 : le roi Louis y est représenté comme félon, et les barons s'unissent pour le braver. Un groupe à part est foinié |iar les poèmes à forme biographique, qui racontent l'histoire d'un héros généralement de pure inventit)n. comme Aioul. Flie de Saint-Gilles Chrest.. 12 . Aie d'Avignon et sa suite Gui de .\anteuil. Orson de Beauvais. etc. Enfin Huon de Bordeaux Chrest., s , dont le fond appartient à l'épopée féodale, se rattache, pour d'importants développements, au cycle adventice, tout comme Berthe, la reine Sébile et le Pèlerinage de Chnrleinagne. qui appartiennent essentielle- ment à l'épopée royale *.
Dans le cycle méridional 'Geste de Garin de Monglane ou de Guillaume^, le poème qui a le plus de valeur est certainement celui des Alis- rans ou .\leschans, où l'on voit Guillaume d'Orange ou au Court Nez, d'abord vaincu et grièvement blessé par les Sarrasins en Ales- chans, prendre sa revanche avec l'aide du roi Louis, son beau-frère, et du brave Rainouart au iinel à la massue). La scène où son épouse Gui- bourc alïecte de ne pas le reconnaître et refuse de l'admettre dans son château d'Orange, jus- | qu'au moment où, malgré ses blessures, il i s'élance sur les ennemis qui le poursuivaient et leur arrache leurs pi-isonniers Chrest., 10), est une des plus heureuses inspirations de l'épo- ; pée française. Signalons encore Aimer i de .\ar- honne, la .Mort Aiineri de A'arbonne, les Enfances Guillaume, le .Mariage Guillaume, le Charroi de Nîmes, la Prise d'Orange poème du XIII' siècle, qui ne manque ni d'entrain ni d'originalité], etc.
M. G. Paris ^ admet avec quelque raison un cycle particulier, qu'il appelle cycle adventice, et qui comprend des poèmes d'origines diverses, basés sur des récits ou des contes absolument étrangers à l'histoire nationale auxquels on a donné la forme épique, et que l'on a rattachés à l'épopée nationale par les noms des héros, les lieux ou lépoque où se place l'action, comme sont, par exemple : Ami et Amile {Chresl. , 14 , types fameux au moyen âge de l'aïuitié et du dévouement, et sa continuation, Jourdain de BLage, du même autciu', dont la source est U; roman byzantin d' Aixdlonius. roi de 7'/yr, com- posé au III' siècle en .\sic-Mincure et traduit cii latin au vi*= siècle; Anse'is de Carthage, dont la base estime légende espagnole : le Moniage Guil-
6. Elle comprenil cinq grandes cliansons : Ilcrri de Metz, (iarin, Girlu'rl. .{nseïs et Von.
7. Cf. G. Paris, Roniunia, XVI, o«l-2.
8. Voy. ci-dessous.
9. L:i Utléralure française au moyen âge, § 27.
TABLKAL SOMMAIIŒ DK L\ LITTÉRATLRE FRANÇAISE Al' MOYK.N AGi:
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l;uime,d'<>vii:ii\c jji'ohahlcnn'iil liiml).'ir'(le; liocon (le Iltinslone, (ri)i'ij.'iiif allcmaiulc, (jii encore Doon de lu Hoche, <]iii, comme Florent et Ocla- vien, Florence de Itunie el daulres encore, n'est (|u'une vai'iante du lliènie traité dans Sehile, la ft inme innocente |)ersécutée. Le beau poème de //o/-/i, l'niprunté à lanf.'lo-sa\on, n'a pas été ral- tiiclié à la famille de Clliarlema^-ne : il a pris seii- lemenl, connue le roman d'.t/ex.ui(/re et ceini des Miicchuhèes, la forme des chansons de ^'este. On doit éf,'alement assif;ner nne place à i>art aux poèmes inspirés par les crois:iih's, les(jnels sont pinlol des chroniques rimées cpie île véri- lables épopées, et dont le jjrincipal mérite serait la fidélité, (|iii malhcnrensemenl leur fait souvent défaut. Le scid fait (|ne les Sai'i-asins y sont re|jrésenlés connue des idolati'cs, tout connue dans les chansons de f;este, montre (pie les jonjjleurs n'avaient pas une ccjunaissance directe t\u nu)nde musulman, et ipiau simjjh récit des faits racontés ilans les chansons de croisade primiti\es ils ne se faisaient point scruijule de mêler leiu's jjropres inventions. Nous ne citerons que la Clumson d'Anlioche ou de Jérusiileiii [(Jhresl., lô . composée, trai)rès Paulin Paris, son premier édilein-, au commen- cement du .MI' siècle par le pèlerin Richard et renouvelée sous le rè},'ne de Philippe-Auf^niste par (iraindor de Douai cf. ci-dessous, p.